Paru en 2004, 20 €
« Sur les chemins de l’hôpital, les contes pour bagages, nous avons rencontré : Des vents qui nous ont portées, de bonnes fées, des princes et des princesses, mais également des ogres et des ogresses, de sombres forêts, le tonnerre et son feu et des brouillards, des brouillards qui questionnent… Alors, nous avons pris le temps de nous arrêter et de réfléchir sur la lumière et l’ombre, l’amour et l’agressivité, la place à prendre à l’hôpital, la violence dont parlent les contes. Et de ce squelette a surgi le souffle de la vie. »
En voici quelques extraits :
Les contes parlent d’un temps qui est en dehors du temps, les nuits et les jours se succèdent, les saisons passent, la traversée est longue.
On n’est pas dans les solutions immédiates « le tout de suite. »
Il y a des détours, une succession d’étapes.
Le héros fait confiance, il ne se pose pas de questions inutiles.
Il suit son destin, il poursuit son chemin, réceptif aux alliés qui se présentent.
Cet état d’esprit semble le rendre invulnérable aux menaces de destruction qui parsèment sa route …
Françoise
Raconter à l’hôpital est toujours une aventure.
Il m’arrive parfois, lorsque je pousse discrètement la porte d’une chambre, d’apercevoir un petit enfant qui dort de tout son cœur. Plus discrètement encore, j’entrouvre la suivante, ce petit-là a trop mal, la main de sa maman, c’est tout ce qu’il veut en ce moment. Un autre sort de chimio, il est juste bon à faire dodo. Et puis l’ado me dit : « Non merci, c’est bien gentil. » Là, c’est une mamie qui vient juste d’arriver dans la chambre d’à côté.
Moi, je me sens toute petite et, à petits pas, je longe le couloir avec ma valise à histoires ; je me dis qu’aujourd’hui, elles ne sortiront pas… J’attends un peu dans le couloir. Une infirmière, peut-être, me dira où aller…Mais je ne sais pas pourquoi, aujourd’hui, tout le monde est si pressé.
Et voilà une maman que je connais déjà : elle me parle de sa petite qui n’est plus dans le service : on se parle, on s’écoute et des liens se tissent… J’ai été tant de fois chez sa petite chérie.
Un petit arrive dans la chambre d’en face, un vrai gourmand d’histoires ; alors, on s’en donne tous les deux et on s’envole ensemble dans le monde des histoires : on en déguste certaines, d’autres, on les croque à pleines dents.
Cécile
Rebondir…
Se laisser gagner par la joie d’être là… tout simplement avec lui… Etre là pleinement, en dehors du temps, en dehors du monde… Etre là pleinement et laisser jaillir petits mots, petites notes… laisser venir les comptines en écho à ses gazouillis, à ses chants à lui… Il a quatre mois… La vie est là… Elle passe de lui à moi, de moi à lui… à travers le regard, à travers les mots, à travers les vocalises.
Nous sommes vivants !
Claire
Regard tourné vers l’intérieur, petite fille que se passe-t-il en toi ? Qu’entends-tu ? Que ressens-tu ? Les paupières se lèvent, rien n’est perceptible dans ce regard qui voit ou ne voit pas, je ne sais pas. Mes paroles chantent, tintent comme des grelots en égrenant la comptine. Le chat s’éveille et miaule, le chien aboie, poursuit le chat, miaou, wo wo, rien ne bouge !
Pourtant, quand le vent du conte souffle, le vent, le Maître vent, qu’il souffle par ma bouche sur la petite main, puis sur le bras, la main se referme, le bras bouge. Souffler encore, tout doucement, encore plus doucement, comme une caresse.
Peut-être es-tu bien comme moi je le suis auprès de toi ?
Marie-Thérèse
« Je veux raconter pour la beauté du regard, pour la pureté du langage. Je veux raconter pour essayer de rejoindre le vieil horizon, si net, pareil à un fil entre le ciel et la mer. Je veux raconter pour être près des nuages blancs, dans le ciel sombre, près de la lumière dense du soleil, près de la cîme des montagnes, là où seuls vont les éperviers. »
Mia Vanandruel